Calcul matriciel
adapté à partir d'une page de Jean Debord-
- Addition, soustraction
- Multiplication par un nombre
- Transposition
- Multiplication des matrices
- Inversion des matrices carrées
- Déterminant d'une matrice carrée
-
Application aux systèmes d'équations linéaires
I. Définitions
Une matrice n × m est un tableau de nombres à n lignes et m colonnes :
Exemple avec n = 2, m = 3 : |
n et m sont les dimensions de la matrice.
Une matrice est symbolisée par une lettre en caractères gras, par exemple A. On note Aij l'élément situé à l'intersection de la ligne i et de la colonne j (la ligne est toujours nommée en premier).
On note [Aij] la matrice d'élément général Aij. On a donc : A = [Aij]
Si m = 1, la matrice est appelée vecteur (plus précisément vecteur-colonne) :
N.B. : Dans ce chapitre, nous utiliserons des lettres majuscules pour les matrices et des lettres minuscules pour les vecteurs, mais ce n'est pas obligatoire.
Si n = m, la matrice est appelée matrice carrée.
Quelques matrices carrées particulières (Exemples avec n = 4)
Matrice unité | Parfois notée In n est la dimension de la matrice (soit I4 dans cet exemple) |
|
Matrice diagonale | notée diag(Dii) | |
Matrice triangulaire supérieure (Upper triangular matrix, U) |
||
Matrice triangulaire inférieure (Lower triangular matrix, L) |
Une matrice carrée A est dite symétrique si :
pour tout i différent de j
II. Opérations sur les matrices
II.A. Addition, soustraction
L'addition et la soustraction des matrices se font terme à terme. Les matrices doivent avoir les mêmes dimensions :
II.B. Multiplication par un nombre
Chaque terme de la matrice est multiplié par le nombre :
II.C. Transposition
La transposée AT (aussi notée A') d'une matrice A est la matrice obtenue en échangeant les lignes et les colonnes de A :
La transposée d'un vecteur-colonne est un vecteur-ligne :
II.D. Multiplication des matrices
Définissons tout d'abord le produit d'un vecteur-ligne xT par un vecteur-colonne y :
Ce produit est appelé produit scalaire des vecteurs x et y, noté x · y. Les vecteurs doivent avoir la même dimension.
Le produit matriciel s'en déduit : le produit de la matrice A (n × m) par la matrice B (m × p) est la matrice C (n × p) telle que l'élément Cij est égal au produit scalaire de la ligne i de la matrice A par la colonne j de la matrice B.
Exemple :
On a en effet, en effectuant les produits ligne par colonne :
Propriétés :
Le produit matriciel est :
- associatif : ABC = (AB)C = A(BC)
- distributif par rapport à l'addition : A(B + C) = AB + AC
- non commutatif : AB n'est pas égal à BA en général.
La matrice unité I est élément neutre pour la multiplication : AIm = InA = A, si la matrice A est de dimensions n × m.
Transposée d'un produit : (AB)T = BTAT (Attention au changement d'ordre !).
Quelques produits particuliers :
(x et y sont des vecteurs-colonnes, A est une matrice)
Carré scalaire. Sa racine carrée (xTx)½ est appelée norme du vecteur ( notée ) |
|
Produit extérieur des vecteurs x et y (Matrice d'élément général xiyj) Ne pas confondre avec le produit scalaire. |
|
Forme quadratique (si A est symétrique) | |
Forme bilinéaire (dite symétrique si A est symétrique) |
II.E. Inversion des matrices carrées
Une matrice carrée A est dite inversible ou régulière s'il existe une matrice carrée A-1 (appelée matrice inverse) telle que :
Si A-1 n'existe pas, la matrice A est dite singulière
Propriétés :
(A-1)-1 = A
(AT)-1 = (A-1)T
(AB)-1 = B-1A-1 (Attention au changement d'ordre !)
[diag(Dii)]-1 = diag(1/Dii)
La matrice A est dite orthogonale si A-1 = AT
II.F. Déterminant d'une matrice carrée
Pour une matrice 2 × 2, on montre que la matrice inverse est donnée par :
Le nombre ad - bc est appelé déterminant de la matrice A, noté :
La matrice inverse A-1 n'existe donc que si det A est différent de zéro.
La matrice A est singulière si det A = 0, régulière dans le cas contraire. Ce résultat se généralise à une matrice de dimension quelconque.
Le déterminant peut se calculer de manière récursive. Par exemple, pour n = 3, on a , en développant par rapport à la première ligne :
Dans ce développement, chaque déterminant d'ordre 2 est appelé mineur du terme qui le précède. Par exemple, le mineur de a est :
On peut développer le déterminant par rapport à n'importe quelle ligne ou colonne. Pour chaque élément aij de la ligne ou colonne choisie :
- le mineur est le déterminant de la sous-matrice obtenue en supprimant la ligne i et la colonne j
- le signe du produit est donné par le tableau :
- + -
+ - +
Cette méthode est valable pour un déterminant de taille quelconque. En fait pour n > 3, il vaut mieux utiliser un algorithme spécifique tel que l'algorithme de décomposition LU.
Propriétés des déterminants :
-
det(AT) = det(A)
-
det(AB) = det(A) × det(B)
-
Le déterminant d'une matrice triangulaire ou diagonale est égal au produit des éléments diagonaux. En particulier, det(I) = 1 (si I est la matrice unité)
-
Si A est régulière, det(A-1) = 1 / det(A)
puisque det(AA-1) = det(A) × det(A-1) = det(I) = 1 -
Si A est orthogonale, det(A) = ±1
puisque det(AAT) = [det(A)]2 = det(I) = 1
III. Application aux systèmes d'équations linéaires
III.A. Formulation matricielle
Un système de n équations linéaires à n inconnues est de la forme :
a21x1 + a22x2 + ... + a2nxn = b2
....................................................
an1x1 + an2x2 + ... + annxn = bn
où les aij sont les coefficients du système, les xi les inconnues et les bi les termes constants.
Un tel système peut s'écrire sous forme matricielle :
avec :
III.B. Cas d'une matrice régulière
Si la matrice A est régulière, on a, en multipliant à gauche par A-1 :
Soit :
Exemple :
Soit le système de 2 équations à 2 inconnues :
x1 - x2 = 2
On a successivement :
Soit : x1 = 3, x2 = 1.
III.C. Cas d'une matrice singulière
Lorsque la matrice est singulière, deux cas sont à envisager :
- Système indéterminé
S'il est possible d'exprimer p équations en fonction des autres, le système admet une infinité de solutions. On peut retenir le vecteur x qui a la plus faible norme.
L'ensemble des solutions forme un sous-espace de dimension r = n - p dans l'espace de dimension n. Le nombre r est le rang de la matrice.
Exemple :
x1 + x2 = 3
2x1 +2x2 = 6Le déterminant vaut : 1 × 2 - 1 × 2 = 0. La matrice est bien singulière.
La deuxième équation est égale à la première multipliée par 2. Il n'y a en fait qu'une seule équation : x1 + x2 = 3. C'est l'équation d'une droite (espace de dimension 1) dans le plan (x1, x2). La matrice est de rang 1.
- Système impossible
Si les équations ne peuvent pas être exprimées les unes en fonction des autres, le système n'admet aucune solution. On peut cependant calculer un vecteur x tel que la norme du vecteur Ax - b soit minimale (bien que non nulle). Ce vecteur constitue la meilleure approximation de la solution au sens des moindres carrés (régression linéaire).
Exemple :
x1 + x2 = 3
2x1 +2x2 = 8La deuxième équation divisée par 2 donnerait x1 + x2 = 4, ce qui est incompatible avec la première équation. Le système n'a pas de solution.
IV. Valeurs propres et vecteurs propres
On dit qu'une matrice carrée A posséde une valeur propre l et un vecteur propre associé v si :
En particulier, une matrice symétrique de taille n possède n valeurs propres réelles.
-
Exemple : dans le plan xOy rapporté au repére orthonormé (i, j) on considére la symétrie S par rapport é Ox.
Le vecteur unitaire i est invariant :
$((1),(0))\rightarrow((1),(0))$
Le vecteur unitaire j est changé en son opposé :
$((0),(1))\rightarrow((0),(-1))$S (j) = - j
La matrice S associée à la symétrie est telle que chaque colonne contient les composantes de l'image du vecteur unitaire correspondant :
S = $[[1,0],[0,-1]]$Le vecteur i est un vecteur propre de la matrice S avec la valeur propre associée 1 :
S i = 1 × i
Le vecteur j est un vecteur propre de la matrice S avec la valeur propre associée (-1) :
S j = (- 1) × j
Note : Tout multiple d'un vecteur propre est également vecteur propre avec la méme valeur propre associée. Les vecteurs propres ne sont donc définis qu'à un coefficient prés.